(Première publication le 9 avril 2002)
« Je suis le genre de personne qui ne peut s’empêcher de penser non seulement à créer de la musique, mais aussi à « qu’est-ce que la musique au fond ? » et « dans quel but est-ce que je compose ? », et j’ai parlé et écrit sur de tels sujets. » – Voici un chef-d’œuvre de la critique musicale par un auteur qui se décrit ainsi.
Voici un passage marquant tiré du livre : « (En réponse aux problèmes posés par la recherche de l’individualité/originalité –) Ce qui est avant tout important pour l’art, c’est la beauté et la vérité universelles. Le fait que nous ne puissions y parvenir qu’à travers l’individualité n’est qu’une nécessité fatale qui découle du fait que nous, les êtres humains, avons des corps physiques et sommes séparés en êtres individuels. Et pourtant, considérer à tort l’individualité comme la valeur ultime – voilà, je crois, la cause qui entrave une « solution ». »
Ce livre a été publié en 1971, et il contient des passages qui montrent l’attitude sceptique de l’auteur envers la musique d’avant-garde de l’époque, ce qui en fait un témoignage précieux de son temps. L’auteur lui-même, tout en reconnaissant le génie de Schoenberg et de ses contemporains, déclare qu’il ne peut sympathiser en rien avec les « tendances spéculatives » ou la « propension au jeu intellectuel » que l’on observe dans les œuvres des compositeurs qui vénéraient Webern comme un gourou. De plus, à travers son récit d’une table ronde au Festival de musique contemporaine de Karuizawa, ses réflexions sur la musique en tant qu’art sont dépeintes.
La phrase suivante donne un aperçu des valeurs de l’auteur : « Les artistes ont tendance à vouloir considérer l’art comme quelque chose de pur, séparé des phénomènes sociaux, et ils ont tendance à maintenir une noble solitude et à ne pas aimer les compromis. Cependant, je crois que fondamentalement, l’art ne peut être considéré indépendamment de la société. » Il poursuit en percevant l’art par analogie avec la communion, déclarant que s’il peut avoir une signification religieuse, alors l’acte de création n’est pas simplement la fabrication d’objets, mais que la création artistique humaine pourrait même être considérée comme assumant une part de la création du monde par Dieu.
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Pardonnez ma franchise, mais je crois que Sadao Bekku est une personne vraiment sincère et honnête en ce qui concerne la musique. C’est quelque chose que j’ai ressenti en écoutant la musique de M. Bekku ; il y avait une certaine pureté, comme si l’auteur exprimait sans fausseté le monde musical qu’il entendait.
Le ton de ce livre est également simple du début à la fin, évitant la mauvaise habitude d’être inutilement abstrus, ou d’utiliser des mots pour l’amour des mots et des concepts pour l’amour des concepts. Les lecteurs ayant une expérience de la composition pourraient avoir l’impression de participer à une agréable conversation autour d’un thé par un après-midi paresseux.
J’ai moi-même souvent eu des conversations silencieuses avec le livre, en pensant : « Alors, M. Bekku, vous le pensez aussi ? C’est ce que je pensais également. » Cela donne un aperçu de l’une des raisons pour lesquelles ce livre a été réimprimé si longtemps. Cependant, il est regrettable que, peut-être en raison des circonstances récentes du secteur de l’édition, un nombre croissant de librairies ne le proposent plus.
Table des matières de « La Merveille de la Musique »
- Première Partie : La Merveille de la Musique
- Chapitre 1 : L’oreille absolue et l’oreille relative (1ère partie)
- Chapitre 2 : L’oreille absolue et l’oreille relative (2ème partie)
- Chapitre 3 : L’oreille absolue et l’oreille relative (3ème partie)
- Chapitre 4 : Les gammes (1ère partie) —La modalité—
- Chapitre 5 : Les gammes (2ème partie) —La gamme de Pythagore / Noms des notes et Solmisation—
- Chapitre 6 : Les gammes (3ème partie) —Le tempérament égal à douze sons— Est-ce un produit du rationalisme ?
- Chapitre 7 : L’établissement de la tonalité et son avenir
- Chapitre 8 : Le timbre
- Chapitre 9 : Le timbre du piano
- Chapitre 10 : Le rythme
- Chapitre 11 : La représentation spatiale —Le concept de tempo—
- Chapitre 12 : La structure (1ère partie) —Sa beauté formelle—
- Chapitre 13 : La structure (2ème partie) —Sa statique et sa dynamique—
- Chapitre 14 : La musique exprime-t-elle quelque chose ?
- Chapitre 15 : La théorie de l’information —Composition par ordinateur électronique—
- Chapitre 16 : Musique et sport
- Chapitre 17 : Musique de scène et musique dramatique
- Chapitre 18 : Qu’est-ce qui émeut le cœur humain ?
- Chapitre 19 : Individualité, originalité, caractère national
- Chapitre 20 : Compositeur, interprète, public
- Chapitre 21 : Moi-même
- Deuxième Partie : À la recherche de la musique
- D’un aspirant scientifique / Mon maître Darius Milhaud / Ce que j’ai appris en Europe / Notes sur mon esthétique musicale / Festival de musique contemporaine de Karuizawa—Récit d’un challenger de dojo— / Questions sur la musique électronique / Le fils prodigue reviendra—Ma vision de la musique contemporaine— / Une étude de l’humain chez Olivier Messiaen / Art et science—Dans le cas de la musique— / L’éthique de la critique / Imitation et imagination dans l’art—Utilité et limites de l’imitation— / La musique religieuse pour les Japonais contemporains / Sur le destin des divers styles de composition dans le Japon moderne
À propos de l’auteur
Bekku Sadao
Né à Tokyo en 1922. Diplômé de l’Université de Tokyo, Faculté des Sciences, Département de Physique en 1946. Diplômé de la même université, Faculté des Lettres, Département d’Esthétique en 1950. A étudié à Paris de 1951 à 1954 sous la direction de Darius Milhaud. Il a remporté, entre autres, le Premier Prix du Concours de Musique Mainichi, le Prix de Musique Mainichi, le Prix Otaka et le Prix du Festival National des Arts. Il est actuellement professeur à l’Université Chuo et chargé de cours à l’École de Musique Toho Gakuen. (Cité de ce livre)
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