(Première publication le 9 avril 2002)
Le sous-titre de l’ouvrage est « La Conscience de Tetsuya Komuro × L’Inconscient de Ryuichi Sakamoto ». C’est un livre étrange et singulier qui cherche à percer les secrets du son de leur musique en s’appuyant abondamment sur leurs partitions et leurs entretiens. On pourrait également le qualifier de documentaire qui poursuit sans relâche ce que l’on pourrait appeler la qualité enivrante de l’harmonie dans la musique tonale, sa beauté sensorielle.
Cet ouvrage représente l’aboutissement de la carrière de l’auteur, qui a précédemment écrit des analyses critiques sur des musiciens tels que Keith Jarrett, les Beatles et Mr.Children. Développant audacieusement son argumentation en s’inspirant de la théorie du « Squelette de la musique » de Shibao Minami, l’auteur fait preuve d’une constance sans faille dans sa tentative de capturer par les mots ce merveilleux « quelque chose » qu’il perçoit dans leur musique.
En termes de difficulté, le livre est accessible à toute personne ayant une compréhension générale de la théorie des progressions d’accords. On peut pleinement en profiter simplement en jouant les exemples musicaux fournis. En réalité, on pourrait même dire que l’empathie et la compréhension des sons eux-mêmes sont ce qu’il y a de plus important.
◇
Les livres de M. Yamashita ont toujours dégagé une atmosphère particulière. Je pense que cela n’est pas seulement dû aux néologismes qu’il emploie (comme les « accords de bois », les « accords de bambou », « l’arc-en-ciel et les modes »), mais plutôt à ce que je qualifierais de sa « passion monomaniaque ».
Auparavant, Yamashita a écrit les ouvrages majeurs « Ryuichi Sakamoto : Toute son œuvre » et « Ryuichi Sakamoto : Une histoire de la musique ». Une simple lecture révèle une obsession incroyable, exigeant du lecteur une force mentale similaire à celle nécessaire pour parcourir un traité philosophique, en suivant la trace des pensées et des images de l’auteur.
Cependant, dans ce livre, « Ellipse et Squelette », l’atmosphère a radicalement changé. Il s’en dégage une impression de détachement, de décontraction, et même les passages les plus passionnés sont exprimés de manière simple et accessible, facilitant l’identification du lecteur. Le plus surprenant fut le changement de son style d’écriture, passant du style formel « de aru » au style poli « desu/masu ». On en vient à se demander : « Que s’est-il donc passé pour l’auteur ? »
En lisant ce livre, j’ai senti que rencontrer une telle transformation chez un auteur que l’on suit procure un « frisson et une excitation » comparables à une descente commune dans les abysses de la compréhension.
Table des matières de « Ellipse et Squelette »
- Partie 1 : « Ryuichi Sakamoto X Tetsuya Komuro » ~ L’« oreille absolue » de Ryuichi Sakamoto et l’« oreille relative » de Tetsuya Komuro
- Section 1 : Le secret d’« Energy Flow »
- Section 2 : Qu’est-ce que « Ryuichi Sakamoto X Tetsuya Komuro » ?
- Section 3 : « J’ai juste appris Do, Fa et Sol, et pendant environ deux semaines, je jouais et chantais toutes les chansons que je connaissais avec seulement ces trois accords. » (Komuro)
- Section 7 : « C’est un Fa !! Tu vois, c’est agréable, non ? » (Définition du « riff » par Tetsuya Komuro)
- Et 9 autres sections
- Partie 2 : Ce qui relie « Furyo (Merry Christmas, Mr. Lawrence) » et « Energy Flow » ~ Les riffs de Tetsuya Komuro et les « cordes à vide » du piano de Ryuichi Sakamoto
- Section 1 : Ryuichi Sakamoto a beau dire « Je ne comprends pas vraiment pourquoi ça se vend »…
- Section 4 : Le sus4 de Tetsuya Komuro ou la pentatonique de Ryuichi Sakamoto ?
- Section 16 : Les mélodies en « hallucination auditive » de Hikaru Utada et Ringo Sheena
- Section 21 : « S’il y avait 12 notes possibles vers lesquelles aller, le « caractère » ne pourrait naître nulle part. » (Sakamoto)
- Et 21 autres sections
- Partie 3 : La musique de « Do-Mi-Sol » et la musique de « Mi-So-La » ~ « La gamme pentatonique est discriminatoire envers les Asiatiques »
- Section 1 : « Komuro jouait en n’utilisant que les touches noires. »
- Section 2 : « La personne qui a composé ceci a du talent. C’est une mélodie courte, mais j’ai été stupéfait. »
- Section 8 : Le « Kimigayo » de Kiyoshiro Imawano est incorrect
- Section 25 : Les « expériences » de Debussy et Ryuichi Sakamoto
- Et 25 autres sections
- Partie 4 : Les « Beatles dans une ellipse » découverts par Tetsuya Komuro ~ « La note bleue est discriminatoire envers les Noirs »
- Section 1 : En musique, il n’y a ni zéro, ni un ; il n’y a que deux, c’est-à-dire une ellipse.
- Section 3 : Le « sous-dominant majeur » exprime le mode dorien
- Section 5 : Le « blues » naît lorsque le squelette (la quarte) est mû par le muscle (la gamme chromatique)
- Section 20 : Ah, c’est irrésistible !! Le plaisir du « Sol# » renaît à travers 300 ans d’histoire.
- Et 22 autres sections
- Postface ~ La trajectoire du couteau asiatique
À propos de l’auteur
Kunihiko Yamashita
Né en 1957. Après avoir travaillé comme rédacteur pour un magazine musical, il est aujourd’hui indépendant. (Extrait de ce livre)
Articles connexes
