La musique de ‘1942’ de Capcom : Un souvenir impérissable du rétrogaming

Critiques musicales

Dans les années 1980, pendant mon enfance, j’étais complètement absorbé par l’univers des jeux vidéo. J’investissais le peu d’argent de poche que j’avais dans les bornes d’arcade installées dans les supermarchés et les grands magasins.

Étant passionné de musique depuis mon plus jeune âge, j’ai été immédiatement séduit par les sons et les mélodies qui s’échappaient de ces jeux.

Bien que je garde de merveilleux souvenirs de nombreuses bandes sonores de cette époque, la musique principale de ‘1942’ de Capcom est celle qui, pour une raison que j’ignore, est restée gravée dans ma mémoire auditive de manière impressionnante.

« 1942 », un chef-d’œuvre des débuts de Capcom

Sorti en 1984, ‘1942’ est un jeu de tir à défilement vertical. Le jeu a pour thème la Seconde Guerre mondiale (plus précisément la guerre du Pacifique), où le joueur pilote un avion de chasse américain P-38 Lightning pour combattre les forces japonaises et atteindre l’objectif final, Okinawa.

Des mécaniques de jeu comme le « système de looping », qui permettait de devenir invincible pour éviter les tirs ennemis, et les objets de power-up et d’aide « Pow », furent accueillis à l’époque comme une nouveauté surprenante par les joueurs.

Ce titre était le quatrième jeu d’arcade de Capcom, après leurs débuts avec ‘Vulgus’, ‘SonSon’ et ‘Higemaru’, et il est l’un des premiers chefs-d’œuvre qui ont fait la renommée de l’entreprise. On dit que ce succès a solidifié la position de Capcom dans l’industrie du jeu vidéo.

Il a ensuite donné naissance à une série, devenant l’origine de la populaire « série 19 », qui comprend des titres comme ‘1943: The Battle of Midway’ et ‘1943 Kai’.

La musique principale si particulière de ‘1942’

Les connaisseurs de jeux rétro pourraient se demander : « Y avait-il vraiment une musique digne de ce nom dans 1942 ? »

Et ils ont raison. La musique de fond principale ne suit pas la structure conventionnelle d’un morceau avec « mélodie et accompagnement ».

En réalité, elle consiste en une phrase rythmique jouée en boucle, composée d’un « son de caisse claire produit par du bruit blanc » et d’un « son de sifflet ».

Le style musical évoque une marche militaire, rappelant la « bande-son d’une scène héroïque » d’un vieux film de guerre, ce qui correspondait parfaitement à l’univers de ‘1942’.

L’intégration habile de triolets dans les phrases et la manière dont le rythme est parfois inversé (créant un effet de syncope, un peu comme un vers auquel il manquerait une syllabe) ajoutent des variations subtiles à ce battement constant. Le résultat est une musique de fond singulière et hautement addictive.

Grâce à cela, les fanfares qui retentissaient à la fin d’un niveau bonus ou à la reprise du jeu servaient de ponctuation efficace à la progression. De plus, la musique lors de l’apparition des boss, les bombardiers « Fugaku » et « Ayako », apportait une tension bien plus grande que ce à quoi on aurait pu s’attendre.

Par ailleurs, à la fin de chaque niveau, le pourcentage d’ennemis abattus s’affiche, accompagné d’un son de machine à écrire judicieusement utilisé, ce qui renforce subtilement l’atmosphère d’époque.

Aujourd’hui, une grande attention portée à la conception sonore dans les jeux est considérée comme normale. Cependant, à l’époque, durant la transition entre les débuts du jeu vidéo et sa première phase de développement, réaliser un univers cohérent représentait un défi de taille en raison des limitations techniques et matérielles.

Dans ce contexte, ‘1942’ a réussi à construire avec brio un univers unifié, un succès qui sera perpétué dans des titres ultérieurs comme ‘Commando’ et ‘Ghosts ‘n Goblins’.

Une anecdote personnelle de cette époque

Comme ‘1942’ n’était pas un jeu excessivement difficile, on pouvait y jouer assez longtemps avec une seule pièce. C’est en partie pour cette raison que, pendant un temps, c’était presque systématiquement le jeu que je choisissais à la salle d’arcade.

Mon argent de poche étant limité, je choisissais souvent mes jeux en fonction de leur rentabilité, c’est-à-dire du temps de jeu que je pouvais obtenir pour mon argent. À cet égard, ‘1942’ était l’un des jeux idéaux.

Je garde un excellent souvenir des moments passés assis face à un ami passionné de jeux, de part et d’autre de la borne d’arcade, plongés sans fin dans le monde de ‘1942’.

Avec le recul, le gameplay peut sembler quelque peu monotone. Mais, associé à sa musique de fond simple et si caractéristique, c’était un jeu unique qui offrait une expérience étrangement immersive.

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Profil  
Masaharu

Compositeur japonais. Basé sur le jazz et la musique classique, il compose une musique crossover expérimentale. S'appuyant sur son expérience dans la composition pour le théâtre et les jeux, il recherche une musique alliant récit et beauté de la structure.